Intervention de V. Duby-Muller à Versailles devant le Parlement réuni en Congrès au nom du groupe Les Républicains de l’Assemblée nationale

Intervention de V. Duby-Muller à Versailles devant le Parlement réuni en Congrès au nom du groupe Les Républicains de l’Assemblée nationale

Intervention de V. Duby-Muller à Versailles devant le Parlement réuni en Congrès au nom du groupe Les Républicains de l’Assemblée nationale 3264 2448 Virginie DUBY-MULLER


Discours de Virginie Duby-Muller devant le… par publicsenat

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Messieurs les Présidents,
Monsieur le Premier Ministre,
Mesdames, messieurs les Ministres,
Mesdames, messieurs les parlementaires,

 

Nous avons achevé il y a quelques jours une campagne électorale qui a donné lieu, comme il est nécessaire en démocratie, à la confrontation des opinions et des projets. Notre Nation a choisi.
Emmanuel MACRON est désormais notre chef d’Etat, et nous souhaitons unanimement sa réussite à l’Elysée. Car son succès sera intimement lié à celui de la France.
Il succède à d’illustres prédécesseurs, au premier rang duquel le Général de Gaulle. Cette responsabilité l’engage. Il est devenu le garant du bon fonctionnement des institutions de la Vème République. Il incarne désormais la République Française et son Histoire.

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Le Président de la République est également le garant du respect des droits de l’Opposition : c’est un des fondements de notre pacte démocratique ; c’est la garantie de la vitalité de notre Parlement. Il doit veiller à préserver cette opposition et ces contre-pouvoirs, en résistant à toute tentation hégémonique, qui serait par nature dangereuse et mortifère pour notre République.
Nous reconnaissons la légitimité que votre majorité a acquise dans les urnes. Mais aucun calcul politicien ne doit vous conduire à transiger avec les droits fondamentaux de l’opposition, qu’elle émane de votre gauche, ou de votre droite.
Je fais partie des députés qui n’étaient pas donnés gagnants au premier tour. Pourtant je me suis battue, et je suis là devant vous. La politique est bien souvent un combat des idées, et vous le savez, tous et toutes, dans cette assemblée. Mais c’est aussi un espace de discussions, de propositions, de construction. Chacun doit pouvoir y donner son avis, et l’avis de chacun doit pouvoir y être entendu. C’est là toute sa noblesse.
Or mercredi dernier, au coeur même de l’hémicycle, les droits de l’opposition ont été fortement mis à mal, à cause d’une manoeuvre de quelques députés. Ils n’ont pas respecté le fonctionnement et les usages de notre Assemblée. Le Président vient de dénoncer le monde des petits arrangements, nous venons hélas de subir une triste résurgence de ce vieux monde.
Ne nous voilons pas la face : aucun des Questeurs élus à l’Assemblée nationale ne représente un groupe de l’Opposition.

  •  Tous ont été élus avec le soutien direct ou indirect de votre parti La République En Marche.
  •  Tous ont annoncé publiquement qu’ils voteraient la confiance au Gouvernement, sans même attendre de connaitre le discours de politique générale du Premier Ministre.
    En résumé, le contrôle du budget et du fonctionnement de l’Assemblée devient donc le monopole de députés favorables à votre majorité.
    Partant de ce constat, les groupes d’opposition se retrouvent bien mal représentés dans cette nouvelle assemblée.

Monsieur le Premier Ministre, la majorité ne doit pas choisir son opposition. Le Président de la République a souhaité moderniser la vie politique en mettant fin aux vielles pratiques politiciennes. Comment dès lors cautionner de tels agissements ?
• Car ceux qui ne respectent pas la divergence de point de vue défigurent ce que les Français ont mis tant d’années à construire.
• Ceux qui profitent du « rouleau compresseur » pour écraser les différences rabaissent la pratique parlementaire.
• Ceux qui refusent d’entendre le discours contradictoire déshonorent leur mandat.
Je citerai d’ailleurs Paul Ricœur, particulièrement cher à Emmanuel MACRON : « On n’excelle en rien sans tenir compte d’autrui ».
Une démocratie apaisée, ce n’est pas une démocratie où tout le monde est d’accord, mais une démocratie où tout le monde s’écoute et se respecte. Nous attendons de vous une volonté ferme de construire ensemble la France de demain, en écoutant les représentants de la Nation.

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Monsieur le Premier Ministre, une réforme de nos institutions vient de nous être annoncée. Certaines de vos propositions vont dans le bon sens, et sont profondément nécessaires. Car entre l’organisation de nos institutions et la vie de la nation, il existe un lien étroit et fondamental.
Nous partageons une responsabilité commune : porter la voix de nos concitoyens, apaiser le débat démocratique, travailler ensemble au service de l’intérêt général.
Le groupe LR vous suivra notamment dans votre volonté de réduire la prolifération législative, qui dessert notre action.
Nous craignons toutefois que cette réforme institutionnelle, que vous appelez de vos voeux, soulève deux écueils majeurs :
 – D’abord, qu’elle désavantage les territoires ruraux, qui deviendraient les grands oubliés de la représentation nationale.
 – Ensuite, qu’elle affaiblisse les parlementaires, et donc le pouvoir législatif.

Avec une dose de proportionnelle dans les scrutins, la représentativité serait mécaniquement entravée. La proportionnelle, c’est le triomphe des partis et du centralisme jacobin. Elle ne permettra plus aux habitants d’avoir un lien direct avec leur député. Les parlementaires seront moins présents, donc moins connus, et donc moins identifiables. C’est un recul démocratique majeur.
Il deviendra aussi très compliqué de sanctionner son député dans les urnes : car les chefs seront toujours réélus.
Nous refusons donc de créer une assemblée hors sol, où des apparatchiks, déconnectés des territoires, prendraient le pouvoir.
Méfions-nous également de la réduction du nombre de parlementaires, si elle devait concerner les territoires ruraux. Car supprimer des élus, cela veut dire augmenter la taille les circonscriptions, et donc faire peser le risque d’un éloignement avec son député. Ça sera le cas, surtout, dans les territoires sous-peuplés. Cela signerait la fin de cette relation de confiance et de proximité que nous connaissons tous, avec nos administrés. Nous ne pouvons pas laisser une partie des Français sur le bord du chemin.
Enfin, prenons garde également à la tentation démagogique de limiter le nombre de mandat dans le temps. En tant que jeune élue, je comprends et je soutiens le renouvellement des pratiques politiques.
Mais tout ce qui contribue à censurer l’électeur dans son choix est anti-démocratique. Le propre de la démocratie est de laisser le plus de liberté possible à chaque citoyen pour choisir son représentant. Et je fais d’ailleurs pleinement confiance à nos électeurs pour ne pas réélire un de leur représentant qui se serait montré décevant…
Les sirènes du renouveau ont ainsi leurs limites, à l’épreuve de la pratique parlementaire. L’Hémicycle doit être représentatif, avec des élus expérimentés qui transmettent leurs compétences aux nouveaux arrivants.
Car aucun élu ne saurait se contenter d’être réduit à un automate dans une Chambre d’enregistrement. Nous avons des propositions fortes, et nous demandons à être entendus. Et pour que la Nation ait un sens, il faut qu’elle soit incarnée, représentée, dans toute sa diversité.

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Monsieur le Premier Ministre, l’abstention a été la grande gagnante des dernières élections. Près d’un citoyen sur 2 n’est pas allé voter en juin dernier.
Nous devons tirer toutes les conséquences de ce refus d’aller voter. Beaucoup est à reconstruire. Et nous devons agir vite : notre pays a trop souffert d’immobilisme.
Dans cette course sans repos où le progrès entraine les grandes nations, le courage des réformes nous a fait cruellement défaut ces dernières années.

  • Le nombre de chômeurs n’a cessé d’augmenter, 2 millions de jeunes sont sans formation et exclus de l’emploi.
  • Nos classes moyennes ont subi des hausses d’impôt massives, nos entreprises croulent sous les contraintes.
  • Le budget voté par la majorité socialiste pour 2017 vient d’être jugé insincère par la Cour des Comptes.
  • L’insécurité sur notre territoire a augmenté, et plusieurs attentats terroristes ont endeuillé notre pays.
  • Cette année, 100 000 jeunes ont quitté l’école sans diplôme
  • Notre système social est en crise, et nous n’appréhendons pas correctement le vieillissement de la population.
  • Nos collectivités territoriales sont asphyxiées, et notre ruralité est en grande souffrance.

Comment promettre à nos concitoyens des lendemains qui chantent, sans entreprendre les réformes indispensables que les français attendent de longue date ?
Avec les Républicains, nous serons donc au rendez-vous pour des réformes d’ampleur, que nous appelons de nos voeux depuis 5 ans.

  • Nous serons au rendez-vous, comme nous l’avons toujours été, pour lutter avec force contre le terrorisme, et garantir la sécurité de nos concitoyens ;
  • Au rendez-vous également pour une réforme économique majeure, qui libérera nos entreprises, afin de lutter efficacement contre le chômage ;
  • Nous nous mobiliserons pour restaurer la méritocratie française, en améliorant notre système éducatif ;
  • Nous serons présents pour lutter contre la fracture territoriale, et notamment garantir l’égalité des soins en France ;
  • Nous serons au rendez-vous pour rebâtir nos pratiques politiques, car la confiance de la Nation est la valeur démocratique la plus précieuse que nous ayons ;
  • Au rendez-vous aussi pour développer le numérique, nouveau gage de transparence, pour davantage inclure nos concitoyens dans la vie publique ;
  • Nous sommes mobilisés pour la réussite de l’Accord de Paris, garant de l’avenir de notre planète ;
  • Enfin, nous serons au rendez-vous pour donner une nouvelle impulsion à l’Union européenne.

L’adjectif « constructif », bien que très à la mode, n’est ainsi pas l’apanage de certains députés. Il nous concerne tous, de manière constante. Nous avons été élus comme représentant de la Nation française : comment pourrions-nous ne pas être constructifs ?

Alors, oui, nous serons au rendez-vous de la réforme de l’État, pour redonner à notre République sa force d’action.
Pour autant, nous vous l’avons dit, nous refusons de vous donner un blanc-seing. Nous saurons nous mobiliser dans nos assemblées respectives pour dénoncer et combattre des réformes pénalisantes pour les Français, comme c’est le cas pour la hausse massive et injuste de la CSG.
Dans la situation actuelle, il n’y aurait rien de pire que d’échouer par manque d’ambition, d’audace, et finalement par manque de responsabilité.
Fidèle à l’esprit gaulliste, nous nous y refusons.

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Messieurs les Présidents, Monsieur le Premier Ministre, Mesdames, messieurs les Ministres, Mesdames, messieurs les parlementaires, le modèle républicain reste notre socle, notre référence commune. La République, c’est la promotion sociale fondée sur le mérite et le talent. Elle fait de chacun d’entre nous le compagnon de l’autre. Avec Les Républicains, nous faisons depuis des années un choix démocratique majeur : celui de la responsabilité.
Je souhaite conclure en rendant hommage à Simone Veil, cette grande européenne issue de notre famille politique, qui a tant œuvré pour les droits des femmes. Puisse la parole de Simone Veil dans son autobiographie Une Vie, continuer de nous habiter : « Venus de tous les continents, croyants et non-croyants, nous appartenons tous à la même planète, à la communauté des hommes. Nous devons être vigilants, et la défendre non seulement contre les forces de la nature qui la menacent, mais encore davantage, contre la folie des hommes.»

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